Par : PopComm’ pour les ÉFM
Toutes deux jeunes directrices adjointes au présecondaire et secondaire en milieu francophone minoritaire, Laura Marquié et Karine Pilotte ont cofondé la Communauté de leaders en éducation (CLÉ), qui offre non seulement un réseau, mais aussi des balados sur l’éducation.
Laura Marquié raconte : « Pendant la pandémie, on a réalisé qu’on avait du mal à trouver des balados de formation en administration scolaire, en particulier en français. Or le développement professionnel est très important dans ce domaine.
« Il y a plein de choses qu’on n’apprend pas dans les livres. On peut avoir plein de diplômes, mais ça prend aussi de l’expérience pratico-pratique sur le terrain. Tout change tellement vite en éducation qu’on a toujours à apprendre. Mais avec la pandémie, c’est difficile d’avoir accès au terrain. »
Les deux administratrices ont donc décidé d’unir leurs forces pour créer elles-mêmes une série de balados sur le thème de l’éducation, en français, afin de faire bénéficier un maximum d’administrateurs scolaires francophones d’aujourd’hui et de demain, à l’échelle nationale, de conseils d’experts. (1)
Et ainsi de susciter en chacun d’entre eux une réflexion constructive sur leur rôle de guide pour les élèves et les enseignants.
« Fin mai, on avait déjà diffusé six épisodes, reprend Laura Marquié. À chaque fois, on invite des experts d’un peu partout en éducation pour qu’ils partagent leurs conseils de terrain sur divers thèmes d’actualité en éducation qui touchent nos écoles. »
Les six premiers balados portaient sur le leadership féminin à travers des monologues “24 heures dans la vie d’une directrice adjointe”, l’éducation anti-raciste, la gestion du comportement des élèves, le Gestalt coaching comme outil de réflexion personnelle et professionnelle, les communautés d’apprentissage professionnelles, et l’impact d’une réforme en éducation à travers l’exemple de la Nouvelle-Écosse qui a connu une réforme en 2018.
« Il y a trois volets à CLÉ, résume Karine Pilotte : l’écoute, c’est-à-dire le balado en soi. Pour chaque balado, on part toujours de quelque chose qui nous rejoint, de questions qu’on se pose. Si on se les pose, probablement que d’autres administrateurs aussi!
« Ensuite, il y a le rayonnement de gens du milieu de partout au Canada. Avec CLÉ, on cherche à faire des ponts au sein du monde de l’éducation. Partout au Canada, on a des experts francophones en matière d’éducation très qualifiés. On n’est pas toujours obligés de se tourner vers le Québec. CLÉ permet de renforcer voire de créer un véritable réseau francophone pancanadien de l’éducation.
« Enfin, il y a l’ancrage manitobain. On bénéficie notamment d’un appui de la Manitoba Teachers’ Society, et on a créé un partenariat avec l’Université de Saint-Boniface qui nous a ouvert la porte pour mettre en valeur ses professeurs. Les ÉFM nous ont aussi appuyés financièrement pour acheter tout l’équipement nécessaire et chercher les ressources pour enregistrer nos balados. Sans ce soutien, rien n’aurait pu se faire. » Entre autres, un ingénieur du son a pu être embauché.
Elle se souvient d’ailleurs encore très bien de la demande de financement que le duo féminin avait déposée. « Les ÉFM nous ont répondu qu’ils étaient contents de voir un projet qui appuyait l’administration scolaire car c’était rare. Ils ont trouvé cela innovateur. »
Laura Marquié précise que CLÉ se veut inclusif. « Certes, c’est avant tout pour les administrateurs scolaires ou ceux qui pensent le devenir, mais c’est aussi pour les parents et tous ceux qui s’intéressent aux questions touchant l’éducation, et qui veulent mieux comprendre notre rôle et notre réalité au quotidien.
« Les gens ne réalisent pas toujours que c’est un métier à part entière, ni tous les éléments à prendre en considération quand on prend une décision. Personne ne remettrait en cause la décision d’un médecin, mais celle d’une direction d’école, si. »
CLÉ compte déjà plus de 400 followers sur Twitter, incluant des personnes à l’extérieur du Canada, notamment en Europe.
À l’avenir, mentionne Karine Pilotte, « on espère aussi créer des ressources à disposition des administrations scolaires, comme des documents et outils pratiques, ou même un livre. On présentera aussi des ateliers à la prochaine conférence d’automne de l’Association des éducateurs et éducatrices francophones du Manitoba sur les thèmes du leadership féminin et de comment avoir des conversations courageuses sur des sujets difficiles ou tabous ».